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4 avril 2008

Bénin : les braves femmes dominent le commere !

Elles sont des milliers et très actives à contrôler les activités commerciales au Bénin depuis des années. Du grand marché de Dantokpa à Cotonou au marché Azèkè de Parakou en passant par les centres commerciaux des coins et recoins des villages et quartiers de ville la détermination et le zèle restent de mise et comme récompenses des chiffres d’affaires non moins confortables.

Un enfant à califourchon, un panier remplis de baguettes de pains de blé dans la main gauche et l’autre pour appeler les clients. La jeune vendeuse ne veut rater aucune occasion sous ce soleil ardent. Elle se faufile entre les conducteurs de taxi moto et va de véhicule en véhicule. En réalité nous sommes à l’entrée du marché Dantokpa en venant du carrefour Saint Michel ce 25 Févier de l’année en cours. Quelques pas à gauche et c’est une colonie de femmes qu’on découvre. Sur leurs étalages on en trouve un peu de tout, produits cosmétiques et de consommation, ustensiles de cuisine et autres. Aussi charmantes qu’accueillantes elles ont l’art de convaincre rapidement pour écouler leurs produits. En dehors des discutions d’achats, ne cherchez pas à aborder d’autres sujets avec elles surtout ceux relatifs à leurs chiffres d’affaire. Chez elles le temps c’est de l’argent. Un détour vers le centre du marché. Là ce sont les vendeuses de tomates, gombos, légumes en gros et en détails qui compatissent d’ardeur. Certaines d’entre elles sous l’effet de la fatigue somnolent mais résistent quand même à garder le contrôle des choses. Une jeune vendeuse, la vingtaine environ abordée  avec tact nous confie avec un ton plaisantin accompagné d’une tentative de sourire « Laissez tomber, c’est l’argent qui est comme ça, on ne peut rien. C’est pendant la nuit que nous avons fait le voyage et depuis le matin les clients nous sollicitent, on ne peut rien ». Et comme ces femmes d’autres sont des patronnes d’entreprises. Elles sont des milliers et des milliers à tirer leur revenu de ce volet du secteur tertiaire, soit  une frange de 80 % des femmes selon la déclaration de l’ancien Ministre Léa Hounkpè au 49ème session de la commission de la condition de la femme (Beijing+10). Si selon les diagnostics et stratégies sur la politique nationale de développement au Bénin rédigés au ministère du commerce, des industries et de la promotion de l’emploi en 2004, le commerce intérieur représente au plus 24% des activités commerciales il reste à préciser que les femmes contrôlent au moins 17% soit plus de deux tiers. Et très travailleuses ces femmes béninoises qui s’adonnent au commerce comme leurs sœurs d’autres secteurs ont environs 02 h 25min de travail plus que les hommes (Selon le rapport Unicef 2007).

Elles sont aussi dans l’informel

Elles ne conduisent pas «  ces bombes à trois pneus », elles ne sont pas non plus des « Zémidjanwomen». Mais elles sont au bord des voies pour écouler les produits pharmaceutiques (produits souvent proscrits par le gouvernement), pour vendre de l’essence kpayo. Ces femmes contournent ainsi les obstacles et les vices liés au chômage. Si selon une enquête menée par les instituts nationaux des statistiques des Etats membres de l’Union Monétaire Ouest Africaine (Uemoa) avec l’appui technique de Afristat et Dial il y a seulement quelques années, 80,3% des Cotonois sont dans le secteur informel, on peut en déduire au vu des facteurs qui conduisent dans le secteur  et le poids démographique des femmes qu’elles représentent un effectif écrasant dans le commerce informel. Et ceci parce qu’elles cherchent à assurer l’éducation, la santé etc de leurs enfants sans pour autant attendre leurs maris. Si par exemple selon certaines sources la prolifération du commerce illicite de l’essence kpayo remonte dans les années 80, elle est accentuée par les crises qui ont conduit à la cessation du paiement des salaires aux travailleurs de notre pays tout juste avant la conférence nationale. Les femmes ne pouvant rester insensibles à la situation qui prévalait ont pris les premières d’assaut ce commerce.    

Organisées, elles constituent le socle de l’émergence économique

L’Association des Femmes d’Affaires et Chefs d’Entreprises du Bénin (Afaceb) créée en 1988 est l’un, sinon le principal regroupement des femmes menant les activités commerciales et économiques dans le pays. Avec un effectif d’environ 75.000 membres elle continue d’inciter d’autres femmes à la culture d’entreprise. Ce qui fait dire à sa présidente Madame Grâce Lawani dans un entretien accordé à Inter Press Service News Agency (IPS -Hebdo) que  « La femme béninoise est en retard en politique mais pas en économie ». De part leur facilité à se regrouper et penser à la prospérité de leurs activités et leur engouement à ne pas faire de faillite et à consacrer les bénéfices issus de leur commerce aux priorités de la famille elles sont devenues les cibles des partenaires étrangers au développement et les institutions de  micro finances. C’est le cas de la Financial Bank qui donnent priorités aux femmes à ses services de prêts « Akwè kléun » (petit argent) et « Akwè Djrémè » (argent moyen). Si le premier permet à un groupe de 2 à 3 commerçants de bénéficier d’un prêt allant de 50.000 à 500.000 FCFA, avec la seconde étape elles peuvent atteindre la barre des 3.000.000 de FCFA. D’ailleurs ce n’est pas du hasard si le gouvernement dans son programme actuel dénommé « micro crédits aux plus pauvres » a privilégié les femmes. On les confie souvent sous d’autres régimes passés le ministère du commerce. Comme quoi la femme contrôle parfaitement la situation dans certains domaines au Bénin.  

Par Faustin DJOUHOUNDE / Dieudonné HONDOKODO

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